roman
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Shendra, Parfum de mangrove, Mamoudzou, éditions Baobab, coll. « Littérature mahoraise », 2001, 114 pages
Shendra (« 9 » en shimaore) est le nom d’un collectif de 8 instituteurs stagiaires (mahorais et métropolitains) de l’IFM de Dembéni (Mayotte) et de leur professeur, Yvon Le Coustumer. Atelier d’écriture dédicacé à Jean-Claude Izzo.
De retour à Mayotte après plusieurs années passées en France métropolitaine, Djoundi est accueilli par son frère, Abdou, qui lui fait découvrir en voiture de grands travaux sur Grande Terre :
« Djoundi était éberlué par l’environnement, il ne reconnaissait rien. Abdou son frère commença alors à lui raconter le formidable développement de Mayotte durant la dernière décennie, à commencer par la multiplication des barges entre Dzaoudzi sur Petite Terre et Mamoudzou sur Grande Terre qui formaient à elles deux l’île aux parfums. Il constata l’ampleur des travaux effectués par la collectivité[1]. Il était saisi par la circulation au rond point central et par le nombre des taxis. Que de changements ! on avait délocalisé le marché sur le front de mer, et quels étaient tous ces bâtiments modernes ou en chantier ? Son frère le fit monter dans sa vieille Peugeot et ils empruntèrent la rocade pour se diriger vers le sud. Mais que faisait-on à la mangrove ? Il était atterré par la noria de camions déversant des blocs de rochers dans le lagon pour, précisait son frère, éviter M’tsapéré et construire une nouvelle rocade et une zone commerciale. Il fut frappé par l’aspect bidonville de M’tsapéré : intrication de bangas[2] en matériaux de récupération et de maisons non finies dressant leurs longues tiges de fer rouillées vers le ciel. » (p. 18-19)
Contributrice: Linda Rasoamanana
[1] À l’époque, Mayotte n’est pas DOM mais CTOM.
[2] Petites maisons construites traditionnellement par les adolescents célibataires.