roman
Afrique> RDC (République Démocratique du Congo)
Suite à l’assassinat d’un homme d’affaire libanais, le capitaine Achel enquête sur un trafic d’uranium enrichi en RDC. Il se rend au Centre Régional d’Etudes Nuclaires à Kinshasa (CREN-K) pour s’entretenir avec le Professeur Mudibani qui évoque la situation dans l’ancienne mine de Shinkolobwe.
Le Centre, destiné à la recherche et à la production d’isotopes utilisés dans la médecine nucléaire se trouvait lamentablement abandonné à son triste sort. Personne ne prenait apparemment au sérieux le danger que constituait le site.
– Nous émettons le vœux ardent de voir la Gouvernement entreprendre les travaux de stabilisation, de renforcement et de protection du site, dit le Pr Mudibani.
– Des informations propagées font effectivement état de la mauvaise protection du Centre… dit Achel.
– Des ragots que propagent les américains, manifestement dans le but inavoué de fermer le CREN-K, coupa le Professeur irrité.
– Ne pensez-vous pas que les vols perpétrés sur le site confortent leur position?
– Qui ignore le site d’exploitation artisanale du minerai d’uranium à Shinkolobwe, écrémé par eux, dans sa partie la plus riche ? Là où s’opère le trafic, à grande échelle, sans parler des manipulations des matières radioactives, dès lors qu’elles exposent les paysans aux risques de maladies graves dont le cancer, des modifications génétiques et même la stérilité. La controverse autour du gisement de Shinkolobwe n’alimentait pas moins, de tout temps, la chronique. Il y eut d’abord ce massacre des mineurs congolais, burundais et rwandais. Les mercenaires rhodésiens recrutés par les colons belges s’illustrèrent dans cette boucherie humaine. À la base, le soulèvement, suite aux compensations américaines détournées, destinées aux mineurs qui eurent à extraire le minerai ayant servi à la fabrication de « Little boy », la bombe atomique qui anéantit Hiroshima et Nagasaki. Ensuite, craignant le retour de la manivelle, les mêmes américains boucleront la localité, et Shinkolobwe devint le site interdit, le mieux protégé du pays.
Robert Sabwe, L’uranium de Sinkolobwe, Goma, Le Pari Africain, 2014, p. 32-33.