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« Polar vrai » (Camille de Vitry)

Roman-documentaire ou « Polar vrai » de Camille de Vitry avec les ressortissant·e·s de Sadiola

En 2009, la documentariste Camille de Vitry publie un récit-documentaire portant sur la mine d'or de Sadiola au Mali qu'elle co-signe avec « les ressortissant·e·s de Sadiola » comme elle tient à le souligner sur la couverture. Elle y relate sa découverte de la mine d'or de Sadiola : « Dûment escortée par un ingénieur des mines », rapport -t-elle, « je visite la carrière ''d'où viennent tous les profits'' ; le trou, la gigantesque saignée dans la terre de quatre-vingt dix mètres de profondeur ». La mine d'or a été repérée en 1980 par la société allemande Klockner lors d'une mission d'exploration minière, financée par la Communauté Économique Européenne. Par la suite, les droits d'exploitation ont été vendus à AGEM, une société canadienne.

Extrait : « 24. L'incident des oiseaux » p. 52-54

Adama poursuit :

- On essaye de suivre le code international du cyanure depuis l'incident des oiseaux.

Pudique euphémisme !

L'incident, c'est le passage au traitement de minerai sulfuré début 2002 : lequel requiert de très fortes doses de cyanure (jusqu'à douze mille tonnes par an). Les animaux qui s'abreuvaient dans le bassin de boues, véritable lac artificiel toxique, périrent massivement. En le survolant les oiseaux tombaient comme des pierres, racontent les villageois.

Depuis cet « incident » le cyanure est neutralisé au péroxyde d'hydrogène avant d'être rejeté dans le bassin de boues, nous affirme Adama Coulibaly. Et il nous faut le croire.

Plus grave – complètera Émile – nous sommes désormais dans les conditions idéales pour générer le phénomène dans les conditions idéales pour générer le phénomène du drainage acide minier ; l'infiltration lente des éléments chimiques et métaux lourds du minerai sulfuré vers les nappes phréatiques locales.

Or, en toute ignorance, ce fut la première question que je posai à Birama Samaké en 2002 : « J'ai vu sur le web que vous exploriez le terrain avec des sulfides ? (je ne comprenais pas moi-même le sens de cette phrase !)

- Ça, c'est un nouveau projet qu'on est en train de faire : parce que, cette usine a été établie d'abord sur la base de traiter uniquement le minerai oxydé. Et actuellement c'est un nouveau type de minerai : le minerai sulfuré tendre, qu'on est en train d'exploiter.

Il fallut le mail de Gregg Olfoese, l'ingénieur environnemental démissionnaire de Sadiola, et les patientes explications d'Émilie, pour que plus tard je comprenne le poids terrifiant de cet échange.

Une damnation pour les générations futures ; pour la région entière.

La visite guidée se poursuit. Samaké nous emmène au bassin de boues.

Un bassin... un immense lac artificiel de plusieurs kilomètres de diamètre ; une gigantesque flaque fétide qui s'étend chaque jour.

Là, tout crève. Quelques spectres d'arbres grisâtres émergent par endroits sur la vaste mare cyanurée ; car, affirme sereinement Samaké, ''ces arbres ne poussent pas dans l'eau''.

En effet, ça ne semble pas leur réussir.

Chaque année environ cinq millions de tonnes de boues toxiques sont déversées dans ce lac.

            Les villages les plus proches sont à quelques centaines de mètres ; et ces mètres rétrécissent chaque jour. […]

ENJEU CONCERNÉ

Mine d’or de Sadiola

AUTRES CRÉATIONS MOBILISÉES

* « Le prix de l’or » (Camille de Vitry)
* « L’or du diable » (Moussa Konaté)
* « Il faut occuper tout terrain » (Zora Snake)
* « Wutkati wurus Sadiolaak Sabadola » de Daouda NdiayeJaaraf