roman
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Paul Combo, L’homme qui faisait maigrir les blondes, Mamoudzou, éditions Baobab, coll. « Littérature mahoraise », 2008, 192 pages
Paul Combo (pseudonyme de Christophe Grosdidier), professeur de mathématiques, a enseigné à Mayotte dans les années 2000.
Début du roman :
André Mabille, débarqué de métropole, découvre Mayotte et ses problématiques environnementales :
« Pendant presque une heure, Madi Attoumani a pris […] de son temps pour me faire un exposé fort complet, très bien renseigné, concernant les problèmes environnementaux de son île. Disparition de la mangrove, dispersion des eaux boueuses, abandons des épaves, rejets des déchets encombrants dans le lagon, sans compter les pneus, les barils, les boîtes de conserve et les noix de coco, tout simplement jetés dans le fossé et qui constituaient de redoutables pouponnières à moustiques. La population, semblait-il, avait encore trop bien l’habitude archaïque de considérer la nature comme une vaste poubelle à portée de main, sans saisir toutes les espérances que Mayotte pouvait nourrir en exploitant ses sites, dans la perspective d’un développement touristique bien pensé.
J’ai compris où il voulait en venir… Ce qui le préoccupait, Madi Attoumani, c’était le sort des tortues qui viennent chaque nuit pondre sur certaines plages de l’île. Moins de tortues, moins de touristes… Et pour cet animal stupide, rien ne ressemble plus à une méduse comestible en train de dériver dans l’immensité bleue qu’un sac en plastique, largement déployé, qui la tuera d’une occlusion intestinale. » (p. 18-19)
« En dehors de la saison des pluies, où la boue éclabousse les bas-côtés, la poussière que soulèvent les camions, aussi bien que les sacs en plastiqu[e], les boîtes de conserv[e] qui s’échappent des bennes trop remplies, ornent misérablement la végétation des alentours. On approche…
Formidable décharge de Hamaha ! […]
Comment a-t-on pu installer – mais est-ce vraiment en toute ingénuité ? – le cloaque au-dessus de la table, le cimetière plus haut que le temple ? Les remblais de la décharge, qui contiennent tant bien que mal la formidable masse des déchets, surplombent l’unique centre commercial de l’île ! Extraordinaire raccourci, pour la compréhension d’une société de consommation débutante ! [….]
Je n’invente rien. Les gens qui habitent Mayotte savent que je ne mens pas. » (p. 26-27)
Contributrice: Linda Rasoamanana