roman

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Notre pain de chaque nuit (Florent Couao-Zotti)

Dendjer, un jeune boxeur prometteur, rend visite à son amante Nono dans le quartier Sainte-Rita.

Comme un gosse de bidonville laissé à la traîne, le quartier Sainte-Rita avait mis, entre deux élections truquées de délégué, tous ses rêves sous séquestre. Univers de toutes les démesures. Perclus, déchiré, éventré avant même d’avoir connu sa première jeunesse, avant d’avoir arrêté son premier voleur. Ce paradis pour mouches et moustiques, on le disait écervelé, capable d’avaler jusqu’à vingt mille pelletées d’ordures par jour, entre marécages et fin goudron, le dernier arrêt de bus des étudiants. C’était là…

C’était là que Dendjer fit crânement vrombir son scooter. « Là », devant une maison osseuse, grignotée par la lèpre et les intempéries. Il évita un couple de moutons qui s’accouplaient-bon-appétit, contourna les eaux cramoisies des pluies d’il y a deux semaines, puis s’engouffra par le portail toujours ouvert comme la bouche d’un niais. Le grognement d’un cochon, tout près, l’accueillit.

  • Bonsoir Gabriel, répondit-il à l’animal.

Tout au fond de la concession, la série classique de chambrettes en bambou érigée en enfilade. Il reconnut à gauche celle de Nono, Nono dont l’image l’avait rempli et terrassé toute la nuit. La porte de la chambre était entrebâillée quoique ombrée par un kosinle[*] opaque, chaloupant sous les menues caresses du vent.

Florent Couao-Zotti, Notre pain de chaque nuit, Paris : Le Serpent à Plumes, 1998, p. 37-38.


[*] Store en bambou des maisons de type traditionnel (N. d. A.)

ENJEU CONCERNÉ

Aménagement du marécage de Fifadji (Cotonou)

AUTRE CRÉATION MOBILISÉE

* Le Cantique des cannibales (Florent Couao-Zotti)