essais et articles

Dans les territoires de l'est, le Ras [général] Farés veut faire abattre des arbres, mais les habitants de la forêt s'y opposent:

[...] les gens du Lasta, qui entrèrent et se prosternèrent devant lui, et lui offrirent le tribut et des dons, en disant : « Votre loi est la nôtre et votre roi est le nôtre; dorénavant nous sommes les sujets du roi, mais vous de votre part exaucez notre parole, notre prière; coupez pour notre avantage toute la forêt qui est dans Dabra Gerza, nettoyez-la, débarrassez-la du bois des arbres coupés et mettez-y le feu, afin que les Galla qui nous entourent, à savoir les Abati, les Waro, les Qoré et les Ana, ne viennent pas attaquer notre pays, en se cachant là-bas, au milieu de ces arbres.» Farés, ayant entendu leurs paroles, tint conseil avec ses officiers et fit proclamer par le héraut l'ordre de couper les arbres de Debre Gerza. Pendant qu'ils les coupaient, les Galla vinrent en s'écriant : « Pourquoi déboisez-vous cette forêt contre nous, pour nous nuire? Cette forêt n'est-elle pas notre maison où nous nous mettons à l'abri de la chaleur du soleil, et nous défendons de l'intensité du froid ? Elle nous sert aussi de forteresse dans la guerre. Maintenant cessez. Au cas contraire, un grand combat s'ensuivra entre vous et nous. Si nous remportons la victoire sur vous, nous jetterons vos parties sexuelles en présence du roi, en lui disant : « Voilà ce que t'offre le serviteur d'Iyasu! Avec cela, nous lui ferons le plus grand plaisir, car vous avez transgressé les ordres; nous sommes autant que vous des gardes au service du roi.» Sur ces entrefaites, un message arriva de la part du roi, qui ordonnait de cesser et de ne pas couper les arbres, «parce que ces Galla, disait le roi, sont des gardes à mon service»; alors ils cessèrent de couper les arbres. Après avoir patienté quelques jours, ils envoyèrent des messagers aux gens du Lasta qui étaient restés sans se présenter, sous prétexte de l'absence du roi, et leur dirent : « Venez chez nous et faisons la paix entre vous et le roi.»

Chronique du roi Iyasu, dans la 18e année de son règne (1699-1700)

Contributeur : Eloi Ficquet