poème
Afrique> Zimbabwe
Des arbres trop fatigués pour porter le fardeau
De la feuille et du bourgeon, de l’oiseau et de la branche
Trop épuisés par les rigueurs du chômage
La lumière écrasante des hauts loyers
Et la flambée des prix de l‘eau et de la farine de mais
Des arbres avortés par les feux de forêt
Des politiques publiques défaillantes
Des arbres dont les brindilles gorgées de kachasu
Ne peuvent plus se refermer pour lever le poing du peuple
Mais paresseusement essuient les nez qui coulent, paresseusement dispersent
La nuée des promesses venues des
Toilettes publiques
Des arbres sous lesquels, affamé et sans abri,
Je sors de la graine pour planter une racine unique dans la
Pierreuse terre salée
La poussée d’un cri de désespoir.
Dambudzo Marechera, Cimetière de l'esprit, trad. X. Garnier et P. Leroux, Le Palais sur Vienne, éditions Project'îles, 2024, p. 142.
The trees of this city
Trees too tired to carry the burden
Of leaf and bud, of bird and bough
Too harassed by the rigours of unemployement
The drought-glare of high rents
And the spiralling cost of water and mealie meal
Trees shrivelled into abortion by the forest firesOf dumped political policies
Trees whose Kachasu-veined twig-fingers
Can no longer clench into the people’s fist
But wearily wipe dripping noses, wearily wave away
The fly-ridden promises issuing out of the public
Lavatory
Trees under which, hungry and homeless,
I emerge from seed to drill a single root into the
Salt stone soil
The effort of a scream of despair.
Dambudzo Marechera, Cemetery of Mind, Harare, Baobab,