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EXTRAIT : Chroniques du Katanga, dir. Dominique Ranaivoson, éditions Sepia
Alors qu'il s'époumonait en vain à prévenir les mineurs que l'esclavage était de retour en Afrique, Mabole est enlevé et battu à mort par les Black Mamba, une milice chargée de surveiller les mines de cuivre.
Le chantier était une immense esplanade.
Au milieu de l'herbe foulée par des milliers de pieds, quelques manguies se dressaient sur le passage des torrents de vent. Des tourbillons de sable, de paille et de cendres semblaient frapper de cécité ces milliers des jeunes gens qui avaient abandonné leurs activités habituelles voir l'école pour se livrer à l'artisanat minier sur le sol uranifère. Les Kwanda, creuseurs de cuivre et d'hétérogénite, grouillaient dans la carrière où se déployait une large fleur du précieux métal. Les uns creusaient des trous pour extirper le minerai en dépit du danger, d'autres nettoyaient le minerai dans la rivière qui approvisionnait le village en eau potable, d'autres encore ployaient sous le fardeau des sacs qu'ils transportaient du matin au soir. Des camions surchargés emmenaient dans un grand bruit de moteur les débardeurs qui criaient leur fierté, perchés sur les ridelles ou accrochés aux sacs. (p. 39)
[…]
Les mineurs se souvinrent alors des invectives de Mabole. « Ils se ruent sur notre cuivre, notre cobalt, notre coltan et notre or. Où sont les lotissements où ils ont pu investir en infrastructures ? Par contre, ils occupent les terrains de récréation pour entreposer les uranes au grand mépris de la pollution, de notre santé... Pour un capitalisme mal appris, on vous expose à l'uranium, on exploite les enfants, on vend le cuivre à 30% d'accord. Et le zinc, le manganèse, l'or, le cobalt contenus dans le minerai ? Ce sont des cadeaux. Pays de l'insouciance. Les denrées alimentaires que nous pourrions produire sur notre sol, les poissons de nos lacs et de nos fleuves sont importés, avariés, à des prix onéreux et fantaisistes... [...] »