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Impophoma yeVictoria / Les chutes Victoria (BW Vilakazi)

Impophoma yeVictoriaLes chutes Victoria
Gobhoza kuze kube nini manzi
Agubha ngempophoma nokwesaba,
Nobuhle! Yebo, ungaphazanyiswa
Gobhoza nokujul’ ogcobe isimongo
Sekhanda lakho ngomudwa wothingo
Lwenkosikazi, nenkung’ engapheli
Egubuzele izinyawo zakho.
Ukuphe nezwi lokuqhaqhabuka,
Namandl’ okukhuluma naye yedwa,
Laph’ uthulis’ imilomo yesintu
Ngaphezu kwedwala laseSibungu.

Mamo! Uban’ ongas’ asukumel
Phezul’ answininize njengentethe
Yomhlabathi weshongololo ngoba
Ethemb’ impikisano nawe Dumase?
Esuswa nhlungu zini naluthando
Lwakuxobisa ngamsindo muni?
Nolwandle luhoxekela emuva
Lusinel’ emuva njengezomgqizo
Kunoba lwelanyathiselwe nawe;
Nkathimbe luyalala luthi daxa
Njengomunt’ osedakwe wacobeka
Yilanga nawumsebenzi onzima.

Kunjal’ ulwandle luyazikhathaza,
Ludunduzel’ amagagas’ emzansi,
Luwaqoqel’ umhlambikazaluse,
Asin’ imini nobusuk’ engemi.
Ngeliny’ ilang’ abuy’ adambe phansi,
Acweng’ ubuhle besibhakabhaka.
Kwenziwa yini wena ungaphozi,
Ungagugeli phansi ugobhoza
Udwengula impophoma kaVictoria,
Ngeliny’ ilang’ ungadambeli phansi
Kodw’ ugobhoz’ imini nobusuku?
Yeka lokhu kukhuthala okungaka!

Kaning’ikhwezi likaMhlayonke
Selokhu lavul’ amehlo phezulu,
Lakuzwa ububula njengempisi.
Nezinkanyezi zesibhakabhaka
Ezikhanyise zilind’ imini
Yomyalo wengelosi laph’ umhlaba
Uyakudazuluk’ uncibilike,
Uvulekele phezu kukaThixo,
Namehlo akh’ ahlaba njengomkhonto
Zibek’ indlebe phezu kwezwi lakho
Dumase, ngathi zithi: “Hamba njalo
Wen’ ovalelis’ ungavalelisi.”

Ihlamvu lonk’ eliphukazelela
Lengamel’ iziziba zakho zonke,
Lidonsa lonk’ uhlaza lwemithambo
Esegazini lal’ eziphethwini
Zemijobulukana yamandambi
Apheshethwa ngumoya wenyakatho.
Bheka-ke, naz’ izinyoni zindizela
Zizimis’ isibindi zisondela
Eduze, zibhukudis’ izimpaphe
Phakathi kofasimbe nay’ inkungu
Oyiphefumulela ngaphezulu!
Kazinayo nangebhe yalo msindo.

Kuyinjabulo ngisho ukuthinta
Umphetho weminyibe yesibhamba
Esingamful’ imichilo yemvul’ eyehlayo
Ixoshan’ ishayek’ edwaleni,
Kuqhume imiqhele yamagwebu,
Kudamuzeke nentuthu yamanzi
Eyona ifïhla imingcwi yamaza,
Iveza nothingo lwenkosikazi
Oluyinhlobisalanga emini.
Iyona le eyakh’ umthal’ ebusuku,
Iwufafaza ngezinkwenkwezana.

Min’ engingenal’ izwi njengelakho
Elokhu limi njalo limpompoza,
Kunjengomfanekiso wesilima
Uma ngiling’ ukuchaza phansi
Ngalolu sib’ olugcobhoz’ uyinki
Isimo sobukhosi nesobuhle –
Ngenzela nokuvus’ uthando kubo
Abangazange bakubone ngeso.
Uphumuz’ imiphefumul’ ehlwelwe,
Eyimihambima ingenendawo
Yokubeka nohlangothi ngenkathi
Ilizw’ elakho izwi ikubheka.

Amehlo abo agcwal’ intokozo,
Bahlale phansi bazicobelele
Insangu, bashay’ amadosh’ ogwayi,
Babheme bakubuke baze bome
Bamel’ ubuthongo bazilalele.
Umsindo wakh’ unjengoju lwenyosi,
Unjengesandla somzanyan’ ekhanda,
Selul’ iminwe sithungath’ unwele
Silulalisa, siluvusa phansi.
Nemihambim’ ithol’ isiphephelo
Ngasezimpikweni zamanz’ amhlophe
Adilika empophomeni yakho.
Dilika njal’ uzubikele bonke
Abenzalo ye-Afrik’ abezayo!

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Coulez pour toujours, eaux qui rugissez
avec une fureur et une splendeur effrayantes,
Superbes! Continuez à couler librement!
Depuis vos profondeurs insondables !
Dieu a oint votre front
des couleurs de l'arc-en-ciel.
Sous le couvert d’embruns tonitruants,
Il vous a doté d'une voix qui tonne,
qui vous permet de communier avec Lui seul ;
à hauteur des falaises de Sibungu votre rugissement
noie les voix de simples mortels.
 
Bonté divine! Quel être,
tel le grillon stridulant parmi les mille-pattes
serait assez audacieux
pour rivaliser avec toi, Grand Tonnerre ?
Quelle accumulation de misères,
pourrait justifier un tel harcèlement sonore ?
Même la mer recule avec ses vagues
rangées comme des danseurs lors d'un concours ;
et, plutôt que d'être comparée à toi,
elle reste au repos,
comme ivre de labeur et de chaleur.
 
Oui, même la mer
s'efforce anxieusement de brider les vagues,
un peu comme un berger
qui rassemble son troupeau afin qu'il ne s'égare pas.
Certains jours, les eaux sont tranquilles,
Et reflètent la splendeur du ciel.
Pourquoi ne fais-tu jamais de pause,
toi qui remplis éternellement les gouffres
de ton rugissement, oh Victoria,
pourquoi ne pas arrêter le temps d’une journée
ton tonnerre diurne et nocturne ?
Mets fin à ce zèle !
 
D'innombrables fois l'étoile du matin,
depuis qu'elle a pour la première fois béni le ciel de son sourire,
t'a entendu grogner comme une hyène.
Les étoiles du ciel,
blotties les unes contre les autres comme des sentinelles,
attendent patiemment que la terre s'effondre,
comme cela a été prédit par un ange;
alors tu seras restauré aux yeux de Dieu,
qui transpercent comme une lance.
Les étoiles écoutent ta voix,
Grand Tonnerre, et semblent dire : « Continue,
Toi qui menaces toujours de partir, mais qui ne pars jamais !
 
Il y a trois branches suspendues
au-dessus de tes lacs,
les racines sucent la nourriture de tes sources
et les pluies amenées par les vents du nord
se déversent dans les canaux bouillants et les gorges en contrebas.
Voici les oiseaux tourbillonnant en rond,
indifférents à ton rugissement
alors qu'ils baignent leurs ailes
dans les embruns torrentiels-
la brume atmosphérique
de ton haleine.
 
Quelle joie de toucher l'ourlet de la ceinture
qui serre la taille de Victoria,
où les flots de pluie tombent en cascade
frappent les rochers en contrebas,
et explosent en pulvérisations perpétuelles :
couronnes de mousse
arcs-en-ciel scintillants
et rayons de soleil incandescents.
Nuit et jour une Voie Lactée
de sa lumière argentée
constelle le ciel
de paillettes qui brillent
dans l'atmosphère.
 
Moi dont la voix n'est pas assez puissante
pour correspondre à ton rugissement infatigable,
je ressemble à un bouffon,
avec ma plume et mon encre,
dans mes efforts pour capturer avec des mots
ta majesté et ta splendeur impressionnantes-
j’essaie maladroitement d'inspirer
ceux qui n’ont pas encore vu ta beauté.
Tu offres un sanctuaire à ceux qui sont piégés
par la nuit dans la brousse,
les égarés et les désespérés, les démunis et les découragés
qui ne trouvent de refuge que dans le rugissement de ta voix,
la magnificence de ton apparence.
 
Comme leurs yeux brillent de joie
lorsqu'ils sont assis détendus
à partager des pipes de dagga, des boîtes de tabac à priser.
Ils te regardent intensément
jusqu'à ce que le sommeil les conquière.
Ton rugissement est doux comme du miel,
tendre comme la caresse réconfortante d’une infirmière,
traçant avec ses doigts des motifs sur la tête d'un démuni,
en accordant une attention particulière à chaque mèche de cheveux.
Les vagabonds trouvent ainsi refuge
sous les ailes blanches
de tes eaux torrentielles.
Cascade pour toujours, sonne le clairon
Pour les générations d’Afrique à venir!

Traduction en français d'après la traduction en anglais de Fred Khumalo
Benedict Wallet Vilakazi, Inkondlo kaZulu (poetry), Witwatersrand University Press (Johannesburg), 1935.

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