Ti fol (Raphaële Frier)
Début composition (enjeu situé / description création)
Texte en français
Alors que l’éruption de la Pelée détruit tout sur son passage, Louis-Auguste Cyparis est enfermé dans une cellule après avoir été impliqué dans une rixe, ce qui le protège de la catastrophe naturelle qui a lieu à l’extérieur. Cet extrait met l’accent sur l’injustice environnementale qui frappe les populations pauvres face aux catastrophes naturelles.
Contributrice: Samantha Ly
Texte en anglais
While the eruption of Pelée destroys everything in its path, Louis-Auguste Cyparis is locked in a cell after being involved in a brawl, which protects him from the natural disaster taking place outside. This extract highlights the environmental injustice that affects poor populations in the face of natural disasters.
Contributor: Samantha Ly
Fin de composition (enjeu situé / description création)
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Soudain, un craquement monstrueux retentit. À quelques kilomètres, un lahar échappé du ventre bouillant de la Terre a commencé à broyer tout ce qu’il trouve sur son passage. Il vient d’avaler l’usine Guérin, ses énormes bâtiments et les pauvres bougres qui n’ont pas eu le temps de s’éloigner du monstre.
Dans son trou crasseux, Cyparis ne se doute pas que les vagues noires attaquent déjà la mer et qu’un tsunami se prépare. Il se débat pour écraser les centaines de fourmis et de scolopendres venimeuses qui s’introduisent dans sa cellule, mais il ignore que les rues de Saint-Pierre sont déjà envahies de fers-de-lance. Il ne sait pas que les ravines en crue empêchent l’accès aux routes. Il croit être le seul en danger dans sa prison étroite, il ignore que tous les cœurs se serrent et s’étouffent à Saint-Pierre. Au-dehors, partout, on a compris que la bête grandit. Si l’on fait partie du beau monde, on peut encore se résigner à tout abandonner et trouver le moyen de fuir pour s’installer ailleurs. On pèse le pour, le contre, le courage, la vie et l’argent. Souvent, on choisit l’argent. Si l’on n’a rien d’autre qu’une case en bois, quelques bols, quelques draps à laver pour trois sous, quelques mètres carrés de terre étouffée par la cendre, on pèse le possible et le rêve, la fuite vers les hauteurs et l’âge de l’aïeul qu’il faudra porter, la vie et la vie sans rien, pas même un bout de terre pour cultiver trois légumes. Voilà, on a pesé. Le plus souvent, on ferme tout et on attend. Par les petites ouvertures, on regarde venir la mort.
Raphaële Frier, Ti fol, Paris, L’école des loisirs, 2024, p 172-173.
Texte en français
Texte en anglais