"Soussou la gueuse" (Patrick Turgis)
Début composition (enjeu situé / description création)
Texte en français
Patrick Turgis, d’origine normande, résida à Mayotte dans les années 1990. Il y fut enseignant de lettres modernes.
Zaïnata, trop délurée et entreprenante avec les garçons, est chassée par sa famille. Elle perd son prénom et devient « Soussou-la-Gueuse ». Elle se réfugie à Tanahéli où elle se prostitue jusqu’à sa rencontre avec un « m’zungu » (un métropolitain)
Contributrice: Linda Rasoamanana
Texte en anglais
Patrick Turgis, of Norman origin, lived in Mayotte in the 1990s. He was a modern literature teacher there. Zaïnata, too sassy and enterprising with the boys, is chased away by her family. She lost her first name and became “Soussou-la-Geuse”. She took refuge in Tanahéli where she prostituted herself until she met a “m’zungu” (a metropolitan) Contributor: Linda Rasoamanana
Fin de composition (enjeu situé / description création)
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« Il s’appelait Christophe et travaillait à la DAF[1]. Sa mission consistait essentiellement à tenter de convaincre les planteurs mahorais de renoncer à la culture sur brûlis. Il allait donc de village en village porter la bonne parole… Il leur parlait de respect de l’environnement, de préservation des ressources halieutiques, de rendements à long terme ; il leur montrait des photographies de padza[2] stérile, de terres nues lessivées par les pluies de la mousson, de coraux étouffés par la vase… Ils écoutaient en silence, hochaient la tête en signe d’approbation et s’en retournaient au labeur où ils continuaient de suivre les pratiques de leurs aïeux : on défrichait, on brûlait, on plantait du manioc ou des bananiers. En quelques années, le sol était épuisé, la bonne terre partie avec les eaux de ruissellement. Alors, on allait plus loin, et on recommençait… Cela durait depuis des générations et ce n’étaient pas les discours d’un jeune m’zungu venu de métropole qui allaient les faire changer ! Christophe lui-même ne se faisait plus aucune illusion sur l’efficacité de son action. D’ailleurs, il n’avait rien à proposer en contrepartie : ni subventions, ni engrais… » (p. 77-78)
Patrick Turgis, « Soussou-la-Gueuse », Tanahéli. Chroniques mahoraises, Paris, éditions L’Harmattan, coll. « Lettres de l’océan Indien », 2003, p. 67-81