Não verás país nenhum / Tu ne verras aucun pays (Ignácio de Loyola Brandão)
Début composition (enjeu situé / description création)
Texte en français
Ignácio de Loyola Brandão, Não verás país nenhum [1981], Rio de Janeiro, Global, 2019
« Situé dans une São Paulo futuriste, le roman raconte l’histoire de Souza, un professeur mis à la retraite d’office, vit avec Adelaide. Le réchauffement climatique a rendu la chaleur insupportable. Il n’y avait plus d’eau. On buvait de l’urine recyclée. Les fruits, légumes, viandes ou poissons n’existaient plus. On consommait des produits industriels imitant les saveurs d’un passé révolu. On dégustait une petite salade de pousses artificielles avec des saucisses synthétiques. Il y avait des haricots, fabriqués en laboratoire, transformés en soupe, en caoutchouc, en colle, en gélatine, collante en bouche. Les odeurs de la nature et de la mémoire avaient disparu. Dans des magasins surpeuplés, on achetait, grâce à des tickets, l’odeur des fleurs, de la pluie, de la terre mouillée. La société était contrôlée par les Civiltares, des policiers redoutés pour leur précision de tir et leur rapidité. La ville était divisée en zones infranchissables. Les Quartiers Privilégiés – comme il fallait s’y attendre – accaparaient tout. Les scientifiques étaient devenus une catégorie marginalisée et insignifiante. À quoi servait la science ? demandaient les leaders du Schéma, le groupe au pouvoir. Les opinions et journaux ne circulaient plus, interdits par les Interdits Postaux. La quantité de voitures était telle qu’un embouteillage dense, interminable et figé avait envahi les rues. Les véhicules furent abandonnés en files interminables. Ils devinrent des cimetières, pillés par tous, qui volaient tout, pneus, sièges, rétroviseurs. Les klaxons n’existaient plus. Les Départements Circulants régulaient le flux de personnes, établissant des Zones de Circulation, avec des entrées strictement contrôlées, appelées Bouches de District. Le chaos urbain était absolu. »
Source : Arnaldo Godoy, Consultor Jurídico
Contributeur : Luciano Brito
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Texte en anglais
Ignácio de Loyola Brandão, Não verás país nenhum [1981], Rio de Janeiro, Global, 2019
« Set in a futuristic São Paulo, the novel tells the story of Souza, a retired teacher, who lives with Adelaide. Global warming has made the heat unbearable. There was no more water. People drank recycled urine. Fruits, vegetables, meats, and fish no longer existed. Industrial products imitating the flavors of a bygone past were consumed. A small salad of artificial sprouts with synthetic sausages was enjoyed. There were beans, lab-made, turned into soup, rubber, glue, gelatin, sticky in the mouth. The smells of nature and memory had vanished. In overcrowded stores, people bought, with tickets, the scent of flowers, rain, and wet earth. Society was controlled by the Civiltares, feared police officers known for their precision in shooting and speed. The city was divided into impassable zones. The Privileged Districts – as expected – monopolized everything. Scientists had become a marginalized and insignificant category. What was the point of science? asked the leaders of the Scheme, the ruling group. Opinions and newspapers no longer circulated, banned by the Postal Bans. The number of cars was so great that a dense, endless, and frozen traffic jam had overtaken the streets. The vehicles were abandoned in endless lines. They became cemeteries, looted by everyone, who stole everything, tires, seats, rearview mirrors. Horns no longer existed. The Circulating Departments regulated the flow of people, establishing Zones of Circulation, with strictly controlled entrances, called District Mouths. Urban chaos was absolute. »
Source : Arnaldo Godoy, Consultor Jurídico
Contributor : Luciano Brito
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Fin de composition (création)
Fin de composition (enjeu situé / description création)
Début composition (création)
Texte en version originale
Version originale
Original version
Disse que jamais vou aceitar essa urina reciclada como água. […] O povo dos Acampamentos foi impedido de entrar, no dia em que um prefeito decidiu : « São Paulo precisa parar ». Então parte dessa água-mijada seria utilizada para a população dessas Zonas.
O resto é reserva. O ministro das Águas declarou que nossas reservas dão para seis meses, numa emergência. No entanto meu sobrinho afirmou que estamos vendendo água ao Chile por um décimo do preço que pagamos. Para nós, o preço do barril aumenta constantemente, e sem razão.
Querem que economizemos para evitar racionamento obrigatório. Todavia as fichas representam o quê, senão o racionamento ? Não há como entender. Jogam a gente na chuva e ficam bravos : « Vocês vão se molhar, saiam ». A gente quer sair, mas trancam a porta, continuamos na chuva.
(Ignácio de Loyola Brandão, Não verás país nenhum [1981], Rio de Janeiro, Global, 2019)
Texte en français
Traduction française
J’ai dit que je n’accepterai jamais cette urine recyclée comme de l’eau. […] Les habitants des camps ont été empêchés d’entrer le jour où un maire a décidé : « São Paulo doit s’arrêter ». Alors, une partie de cette eau-pissée serait destinée à la population de ces zones.
Le reste est une réserve. Le ministre des Eaux a déclaré que nos réserves suffisent pour six mois, en cas d’urgence. Pourtant, mon neveu a affirmé que nous vendons de l’eau au Chili à un dixième du prix que nous payons. Pour nous, le prix du baril augmente constamment, sans raison.
Ils veulent que nous économisions pour éviter un rationnement obligatoire. Cependant, que représentent ces tickets, sinon le rationnement ? C’est incompréhensible. Ils nous jettent sous la pluie et se fâchent : « Vous allez vous mouiller, sortez ». Nous voulons sortir, mais ils verrouillent la porte, alors nous restons sous la pluie.
(Traduction par Luciano Brito pour l’Anthologie écopoétique située en ligne)
Texte en anglais
English translation
I said I will never accept this recycled urine as water. […] The people from the Camps were prevented from entering the day a mayor decided: « São Paulo must stop ». So, part of this piss-water would be used for the population of these Zones.
The rest is a reserve. The Minister of Water declared that our reserves would last six months in an emergency. Yet, my nephew stated that we’re selling water to Chile at one-tenth of the price we pay. For us, the price of a barrel keeps increasing, for no reason.
They want us to save water to avoid mandatory rationing. But what do these ration tickets represent if not rationing itself? It’s incomprehensible. They throw us into the rain and get mad: « You’ll get wet, get out ». We want to leave, but they lock the door, so we remain in the rain.
(Translation by Luciano Brito for Anthologie écopoétique située online)
Fin de composition (création)