Mahmoud Dowlatabadi, Kelidar (Vol. 1 à 10). Téhéran : Éditions Farhange Mo’aser, 1995.
Début composition (enjeu situé / description création)
Texte en français
Le roman Kelidar, œuvre majeure de Mahmoud Dowlatabadi, constitue l’un des roman les plus volumineux de la littérature persane, publié en dix volumes. Ce texte offre une représentation minutieuse et détaillée de la vie des communautés nomades et rurales du Khorassan, tout en dépeignant le contexte politique tumultueux de l’Iran entre 1946 et 1948.
L’intrigue suit le destin d’une famille nomade contrainte de s’installer dans la région de Sabzevar, au Khorassan, à la suite d’un déplacement forcé en raison des conditions climatiques défavorables, marquées par la sécheresse et des vents violents, perturbent leur subsistance et provoquent la mort de nombreux animaux. Cette migration non désirée bouleverse profondément leur mode de vie, car les exigences des communautés nomades — notamment la recherche de pâturages fertiles et de points d’eau pour le bétail — sont incompatibles avec leur nouvel environnement.
Dans cette œuvre, Dowlatabadi dépeint avec une grande finesse la vie de personnages simples et authentiques, étroitement liés à la nature. Par le biais d’une prose riche, poétique et empreinte de détails, il décrit les paysages, les émotions humaines et les éléments du quotidien. Kelidar se présente comme une épopée littéraire qui interroge profondément les relations entre l’être humain, la nature et les dynamiques sociales. Un épisode marquant du roman met en scène un personnage contraint, par la faim et la mort de ses moutons, de se livrer à des actes de brigandage pour assurer sa survie. Cet extrait illustre avec acuité l’impact des conditions environnementales adverses sur le comportement humain, tout en offrant une réflexion sur les limites imposées par la précarité.
Contributrice: Zahra Esmaeili Khoshmardan
*
Texte en anglais
The novel Kelidar, a major work by Mahmoud Dowlatabadi, constitutes one of the most voluminous novels in Persian literature, published in ten volumes. This text offers a careful and detailed depiction of the lives of the nomadic and rural communities of Khorasan, while depicting the tumultuous political context of Iran between 1946 and 1948.
The plot follows the fate of a nomadic family forced to settle in the Sabzevar region, in Khorasan, following a forced displacement due to unfavorable climatic conditions, marked by drought and violent winds, disrupt their livelihood and cause the death of many animals. This unwanted migration profoundly disrupts their way of life, because the demands of nomadic communities – notably the search for fertile pastures and water points for livestock – are incompatible with their new environment.
In this work, Dowlatabadi depicts with great finesse the lives of simple and authentic characters, closely linked to nature. Through rich, poetic prose full of detail, he describes landscapes, human emotions and everyday elements. Kelidar presents itself as a literary epic that deeply questions the relationships between human beings, nature and social dynamics.
A notable episode in the novel features a character forced, by hunger and the death of his sheep, to engage in acts of banditry to ensure his survival. This extract acutely illustrates the impact of adverse environmental conditions on human behavior, while offering a reflection on the limits imposed by precariousness.
Contributor: Zahra Esmaeili Khoshmardan
*
Fin de composition (enjeu situé / description création)
Début composition (création)
Texte en version originale (sens de lecture de droite vers la gauche)
Version originale
Original version
«نکند خیال میکنی عمرت دارد به آخر می رسد؟ ها؟ نکند همچه خیال هایی بی خوابت کرده اند؟ یا اینکه با اسم خدا می خواهی من را بترسانی، خداها؟ اگر همچو خیالی داری همین جا برایت بگویم که من حرفهایم را با او زده ام حسابهایم را با آن بالاسری واکنده ام. شکم را داده، نان را هم باید بدهد وقتی که سال به سال یک قطره باران نمی بارد وقتی که گرسنگی بیخ گلوی من را فشار می دهد وقتی که گوسفندهایم جلو چشمهایم به جهنم فرستاده می شوند، پس من هم در پی روزی خودم از سیاه چادر بیرون می زنم افسار روی گردن خودم است و می روم چه خیال کرده ای؟ که می نشینم و به حال خودم گریه می کنم؟ یا اینکه محض بلاهایی که به روزگارم آمده خودم را زمین گیر می کنم و زانوی غم بغل می گیرم؟ هه […] اگر همچـه تـوقعی از من داشته باشی پس معلوم می شود که خیلی بچه ای پس باشد تا بعدها همدیگر را ببینیم و آن وقت گوییم و شنوییم؛ اما اگر عقلی به کله ات مانده باشد این را حالی ات می شود که هرچه او بیشتر به من فشار بیاورد، من هم به بندههای سیر او بیشتر فشار می آورم. هرچه او عرصه را بـه من تنگتر ،کند من هم عرصه را بر مال التجاره لاشخورهای خوش خور و خواب او تنگتر می کنم به یک دست می دهد به یک دست هم بگیرد.» [1]
[1] محمود دولت آبادی، کلیدر (جلد ۱ تا ۱۰). تهران: انتشارات فرهنگ معاصر، ۱۳۷۴.
Texte en français
Traduction française
« Ne crois-tu pas que ta vie touche à sa fin ? Hein ? N’as-tu pas laissé de telles pensées te priver de sommeil ? Ou est-ce que tu veux me faire peur en invoquant le nom de Dieu, Dieu ? Hein ? Si tu nourris une telle pensée, je vais te le dire tout de suite : j’ai déjà parlé avec Lui, j’ai fait le bilan avec ce supérieur. Il (Dieu) a donné le ventre, il doit aussi donner le pain. Quand il ne tombe pas une goutte de pluie d’une année sur l’autre, quand la faim me serre la gorge, quand mes moutons sont envoyés en enfer sous mes yeux, je vais aussi chercher ma part. Je sors de la tente noire, la bride autour du cou, et je pars. Que crois-tu ? Que je vais rester là et pleurer sur mon sort ? Ou que, à cause des malheurs qui m’accablent, je vais me laisser clouer au sol, prendre mes genoux dans mes bras et me lamenter ? Hé… Si tu attends cela de moi, tu dois vraiment être un enfant. Alors, attends qu’on se revoie plus tard, et là, nous pourrons échanger nos mots et nos voix. Mais si un peu de raison te reste, tu comprendras que plus Il me presse, plus je fais pression sur ses serviteurs repus. Plus Il me resserre l’étau, plus je le resserre sur les commerçants-vautours bien nourris et endormis. Il donne d’une main et prend de l’autre. »
Traduction de Zahra Esmaeili Khoshmardan pour l’Anthologie écopoétique située en ligne
Texte en anglais
English translation
“Don’t you think your life is coming to an end? Eh ? Have you not let such thoughts rob you of sleep? Or do you want to scare me by invoking the name of God, God? Eh ? If you harbor such a thought, I will tell you right away: I have already spoken with Him, I have taken stock with this superior. He (God) gave the belly, he must also give the bread. When not a drop of rain falls from one year to the next, when hunger tightens my throat, when my sheep are sent to hell before my eyes, I will also seek my share. I come out of the black tent, the bridle around my neck, and I leave. What do you believe? That I’m going to stand here and cry over my fate? Or that, because of the misfortunes that overwhelm me, I will allow myself to be pinned to the ground, take my knees in my arms and lament? Hey… If you expect that from me, you must really be a child. So, wait until we see each other again later, and then we can exchange our words and our voices. But if you have a little reason left, you will understand that the more He presses me, the more I put pressure on his satisfied servants. The more He tightens the noose on me, the more I tighten it on the well-fed and sleeping vulture traders. He gives with one hand and takes with the other.”
Translated by Zahra Esmaeili Khoshmardan for Anthologie écopoétique située online
Fin de composition (création)