A fome : Cenas da seca no Ceará / La faim : Images de la sécheresse au Ceará (Rodolfo Teófilo)
Début composition (enjeu situé / description création)
Texte en français
Rodolfo Teófilo, A fome : Cenas da seca no Ceará, 1890
A Fome, publié en 1890, un an après la proclamation de la République, est le premier grand roman à traiter des sécheresses dans le Nordeste. Un roman de dénonciation qui suit la vie de migrants réduits à des conditions animales, allant jusqu’à l’extrême de l’autophagie pour apaiser leur faim. Ici, le naturalisme est utilisé comme un outil pour présenter les maux causés par la sécheresse, démontrant comment ce fléau détruit les liens sociaux et les anciennes relations familiales, tout comme la faune et la flore, désorganise la structure économique et dégrade la condition humaine elle-même.
Source : Marco Antônio Villa
Contributeur : Luciano Brito
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Texte en anglais
Rodolfo Teófilo, A fome : Cenas da seca no Ceará, 1890
A Fome, published in 1890, one year after the proclamation of the Republic, is the first major novel to address the droughts in Brazil’s Northeast. A denunciation novel that follows the lives of migrants reduced to animal-like conditions, going to the extreme of autophagy to appease their hunger. Here, naturalism is used as a tool to depict the afflictions caused by drought, showing how this scourge destroys social ties and traditional family relationships, as well as fauna and flora, disorganizes the economic structure, and degrades the very essence of human condition.
Source : Marco Antônio Villa
Contributor : Luciano Brito
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Fin de composition (enjeu situé / description création)
Début composition (création)
Texte en version originale
Version originale
Original version
A chama do facho triplicou de intensidade alimentada por uma série de sopros de Freitas e encheu de luz o estreito aposento. A visão sucedeu a claridade e deixou patente um quadro medonho. Deitado sobre uma cama de talos de carnaubeira estava o cadáver de uma mulher branca reduzido a múmia. O corpo era de uma infeliz, que sucumbira no ato da maternidade, não havia muitas horas. O ar tresandava a parto. O cadáver tinha ao regaço e na postura em que as mães aleitam os filhos uma criança, cuja pele estava colada ao esqueleto.
A boca esfomeada do recém-nascido instintivamente procurava o bico do peito, mas embalde, as mamas estavam reduzidas a murchas pelangas, que se colavam às costelas. A frieza do cadáver se transmitia à criança, que também recebia a frialdade da placenta, a um canto de cama em uma poça de sangue e ainda presa à extremidade do cordão umbilical. A vida ali estava em perigo iminente. As fontes de calor eram fracas para se oporem ao frio. O estômago vazio naquele organismo era o mesmo que um fogão apagado em uma cozinha.
(Rodolfo Teófilo, A Fome, 1890)
Texte en français
Traduction française
La flamme du flambeau tripla d’intensité, alimentée par une série de souffles de Freitas, et emplit de lumière la pièce étroite. La vision succéda à la clarté, dévoilant une scène macabre. Couché sur un lit fait de tiges de carnauba se trouvait le cadavre d’une femme blanche, réduit à l’état de momie. Le corps appartenait à une malheureuse qui avait succombé en couches, quelques heures plus tôt. L’air empestait l’odeur de l’accouchement. Le cadavre tenait sur son sein, dans la posture où les mères allaitent leurs enfants, un nourrisson dont la peau était collée au squelette.
La bouche affamée du nouveau-né cherchait instinctivement le mamelon, mais en vain ; les seins n’étaient plus que des lambeaux flétris, collés aux côtes. La froideur du cadavre se transmettait à l’enfant, qui recevait également la fraîcheur glaciale du placenta, reposant dans un coin du lit, dans une mare de sang, encore attachée à l’extrémité du cordon ombilical. La vie était là en danger imminent. Les sources de chaleur étaient trop faibles pour contrer le froid. L’estomac vide de cet organisme était comme un four éteint dans une cuisine.
(Traduction par Luciano Brito pour l’Anthologie écopoétique située en ligne)
Texte en anglais
English translation
The flame of the torch tripled in intensity, fed by a series of Freitas’s breaths, and filled the narrow room with light. Vision followed clarity, revealing a gruesome scene. Lying on a bed of carnauba stalks was the corpse of a white woman, reduced to a mummy. The body belonged to an unfortunate woman who had succumbed during childbirth just a few hours earlier. The air reeked of birth. The corpse held on its lap, in the posture in which mothers nurse their children, an infant whose skin clung to its skeleton.
The newborn’s hungry mouth instinctively sought the nipple, but in vain; the breasts were nothing more than shriveled scraps, stuck to the ribs. The coldness of the corpse transmitted itself to the child, who also absorbed the icy chill of the placenta, lying in a corner of the bed in a pool of blood, still attached to the end of the umbilical cord. Life there was in imminent danger. The sources of heat were too weak to counteract the cold. The empty stomach in that organism was like an unlit stove in a kitchen.
(Translation by Luciano Brito for Anthologie écopoétique située online)
Fin de composition (création)